"La grammaire est une chanson douce" (Chapitre 12, Partie 1 sur 2)
-Eh bien, dites-moi, vous qui disiez hai"r la grammaire!
Tout a' notre spectacle, nous n'avions pas entendu revenir Monsieur Henri. Nous
commencions a' mieux le connai^tre. Sous son air perpe'tuellement joyeux (rire
e'tait sa forme a' lui de politesse), il y avait, ce soir-la', du vrai bonheur.
Il devait avoir trouve' la rime qu'il cherchait pour sa chanson.
- Passionnant, n'est-ce pas ? Je viens souvent ici les regarder vivre. J'aime
la compagnie des mots. Tiens, je suis su^r que vous n'avez pas encore repe're'
la tribu des pre'tentieux. Oui, les pre'tentieux! Parlons plus bas. Les mots
ont des oreilles tre`s sensibles. Et ce sont des petits animaux tre`s susceptibles.
Tu vois le groupe, la'-bas, assis sur les bancs pre`s du re'verbe`re : "je",
"tu", "ce", "celle-ci", "leur". Tu les vois ? C'est facilede les reconnai^tre.
Ils ne se me^lent pas aux autres. Ils restent toujours ensemble. C'est la tribu
des pronoms.
Monsieur Henri avait raison. Les pronoms toisaient tous les autres mots avec
un de ces me'pris...
- On leur a donne' un ro^le tre`s important : tenir, dans certains cas, la place
des noms. Par exemple, au lieu de dire " Jeanne et Thomas ont fait naufrage,
Jeanne et Thomas ont aborde' dans une i^le ou Jeanne et Thomas re'apprennent
a' parler "... au lieu de re'pe'ter sans fin Jeanne et Thomas, mieux vaut utiliser
le pronom " ils ".
Pendant qu'il parlait, un pronom, " ceux-ci ", se dressa de son banc et sauta
sur un nom pluriel qui passait tranquillement pre'ce'de' par son article, "les
footballeurs". En un instant, "les footballeurs " avaient disparu, comme avale's
par " ceux-ci ". Plus de trace des footballeurs, " ceux-ci " les avait remplace's.
Je n'en croyais pas mes yeux.
- Vous voyez, les pronoms ne sont pas seulement pre'tentieux. Ils peuvent se
montrer violents. A force d'attendre un remplacement, ils perdent patience.
Monsieur Henri s'amusait beaucoup de notre e'tonnement.
- Qu'est-ce que vous croyez ? Ne vous fiez pas a' leurs apparences de douceur,
de gentillesse, de poe'sie. Les mots se battent entre eux, souvent, et ils peuvent
assassiner, comme les humains.
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