Il la berc_a longtemps de tous ces mensonges qu'on raconte aux malades. Sur le
front de Je t'aime, il posa un gant de toilette humecte' d'eau frai^che.
- C'est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.
" Un peu fatigue'e ", " un peu dur ", Je t'aime ne se plaignait qu'a' moitie',
elle ajoutait des " un peu " a' toutes ses phrases.
- Ne parle plus. Repose-toi, tu nous as tant donne', reprends des forces, nous
avons trop besoin de toi.
Et il chantonna a' son oreille le plus ca^lin de ses refrains.
La petite biche est aux abois
Dans le bois se cache le loup
Ouh, ouh, ouh, ouh
Mais le brave chevalier passa
II prit la biche dans ses bras
La, La, La, La
- Viens Jeanne, maintenant. Elle dort. Nous reviendrons demain.
- Pauvre Je t'aime. Parviendront-ils a' la sauver ?
Monsieur Henri e'tait aussi bouleverse' que moi.
Des larmes me venaient dans la gorge. Elles n'arrivaient pas a' monter jusqu'a'
mes yeux. Nous portons en nous des larmes trop lourdes. Celles-la', nous ne pourrons
jamais les pleurer.
- ... Je t'aime. Tout le monde dit et re'pe`te " je t'aime ". Tu te souviens
du marche' ? Il faut faire attention aux mots. Ne pas les re'pe'ter a' tout bout
de champ. Ni les employer a' tort et a' travers, les uns pour les autres, en
racontant des mensonges. Autrement, les mots s'usent. Et parfois, il est trop
tard pour les sauver. Tu veux rendre visite a' d'autres malades ?
Il me regarda.
- Tu ne vas pas t'e'vanouir, quand me^me ? Il me prit le bras et nous quitta^mes
l'ho^pital.
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